Partez pour un voyage en voilier à travers l’Atlantique Nord pour le premier article d’une trilogie où vous découvrirez le plaisir d’une aventure à voile.
Mon voyage en voilier dans l’Atlantique Nord
Auteur du texte
Jean-claude, ou si vous préférez Djéci, est un québécois âgé de 70 ans. Il voyage depuis son adolescence et a visité plus d’une trentaine de pays. Ceux-ci excluent les nouveaux pays créés suite à un morcellement d’un pays comme la Yougoslavie ou les maintes fois où il est retourné aux mêmes endroits. Jean-Claude nous a déjà offert un premier texte sur le blog ici: « Partir à l’aventure: Qui a dit que c’était réservé aux jeunes?«
Savez-vous ce qu’est la sensation de vous déplacer rapidement sans faire aucun effort, sans l’utilisation de vos jambes et sans moteur pour vous propulser ? Non, ce n’est pas voler en rêve ou se transformer en extra-terrestre. C’est simplement être debout sur un traineau à neige sous lequel il y a deux lames et le vent vous pousse en avant. J’avais peut-être quatre ans quand j’ai fait cette expérience. C’était une journée d’hiver, la rue était glacée et il ventait très fort comme pour annoncer une tempête de neige. Après avoir dévalé la rue à quelques reprises, mon oncle qui arrivait de l’Université m’a vu et m’a demandé pour essayer mon traineau et malheur de malheur, ça n’avançait plus. Il était trop lourd. Lui, c’était un grand et il ne pouvait pas faire avancer mon traineau. C’était merveilleux, j’étais le capitaine de mon traineau à voile.
Eh bien, ce plaisir que j’ai ressenti à cet âge, je l’ai retrouvé dans les voiliers. D’abord, sur des dériveurs à l’âge de 12 – 13 ans et un jour j’ai acheté un voilier avec un ami, Romain. Ce fut une aventure et puis la vie a fait en sorte que j’ai mis de côté cette pratique. Ce n’est que plusieurs années plus tard que cet ami m’a offert d’aller le rejoindre en Irlande où il avait traversé son voilier « Grande Ourse 4 » par l’Atlantique Nord.
La côte irlandaise
Découverte des petits villages de la côte Sud-Est
Avec deux autres amis, André et Madeleine, on a d’abord rallier Londres puis Belfast, mais le bateau n’était pas là, il avait touché terre à Galway et se dirigeait vers Dublin pour venir nous retrouver. On s’est finalement rejoint par un beau jour de pluie et de vent. C’était la bienvenue de l’Eire.
On a mis les voiles et longé la côte Sud-Est du pays. Tous les soirs, on s’arrêtait dans une petite ville et on prenait le temps d’en faire le tour et d’apprécier ces lieux. Et que dire de notre arrivée dans une petite ville après une grosse mer et d’apercevoir des dizaines et des dizaines de pêcheurs à la ligne alignés sur le quai. Ils sortaient les maquereaux par deux et trois à la fois. Du haut du quai, on pouvait voir le banc de maquereaux. Très impressionnant. C’était dans la petite ville de Youghal (prononcez Yawl).
Une autre nuit, je me suis réveillé et je suis sorti sur le pont pour apercevoir la rivière où nous étions ancrés couverte d’un beau tapis d’algues vertes. C’était tellement bien couvert que nulle part on pouvait voir d’eau. Le malheur est que ces mêmes algues avaient obstrué l’entrée d’eau du moteur et qu’il a fallu tout nettoyer avant de reprendre la mer. C’était la petite communauté de Courtmacsherry ou si vous préférez « Cours ma chérie » en traduction libre québécoise.
Ensuite, ce fut Cobh (prononcez Cove) où des milliers d’Irlandais se sont embarqués pour Québec au 19ième siècle et c’est aussi le départ du Titanic pour son dernier voyage vers l’Amérique.
Et Kinsale ! Cette ville où le « Pub » est la vraie place publique et où à toute heure du jour on y voit des enfants et même des grands-mères. On y est enfant, on s’y marie et c’est aussi là que tous les anniversaires se fêtent. Le soir, des orchestres font danser les belles Katie et même des Québécois. Et, je ne sais pas pourquoi, on se sent chez nous en Irlande.
C’est dans cette ville où j’ai compris qu’une grande partie du Vieux-Québec a été construit comme les bâtiments des villes irlandaises, la taille de la pierre, les toits, les lucarnes.
La vie en mer
Par contre, lors d’un voyage en voilier, la mer, elle, est omniprésente et pas des plus facile. Comme je dis parfois, le trajet est deux fois plus long parce qu’on passe notre temps à monter les vagues et à les redescendre. Il y a toutes sortes de conditions en mer :
- parfois la mer est forte et on se fait brasser,
- parfois à cause de la brume, on reste dans la lune,
- d’autres fois la nuit est froide et l’eau aussi,
- et des fois la mer est tellement calme qu’on se croirait sur un miroir.
La Manche: De Saint-Malo au Sud de l’Angleterre
Guernesey et la traversée de la Manche
L’année suivante, le voilier était à Saint-Malo et nous nous sommes dirigés vers les îles Anglo-Normandes, Jersey et Guernesey, pour ensuite traverser la Manche. (En anglais, le nom s’écrit Guernsey.) À Guernesey, on a pris le temps d’aller dire bonjour à Victor Hugo qui y a vécu plusieurs années dans la « Maison Hauteville ». La ville de Paris est toujours propriétaire de cette maison.
On a repris la mer et en pleine nuit j’étais à la barre quand j’ai aperçu une rangée de cargos étalés sur une longueur de plus d’un kilomètre. J’ai réveillé L’Romain qui en mettant la tête dehors me dit
– « Ha, c’est la track ! Quand les bateaux montent au Nord, ils doivent tous suivre la même route et donc à la queue leu-leu. »
– « Ah bon ! »
J’en ai déduit que c’était le même phénomène pour les bateaux qui vont vers le Sud. Queue leu-leu que j’ai croisée une demi-heure plus tard et j’ai dû recommencer le même scénario jusqu’à ce qu’on me laisse passer.
C’est aussi ça la Manche!
Dartmouth : L’embouchure de la rivière Dart
Probablement qu’un des navires nous avait repéré au radar, car il a créé un espace d’environ 500 pieds entre deux navires pour qu’on puisse se faufiler entre deux de ces immenses navires. Une heure plus tard, j’ai vu la barre du jour, une fine ligne blanche à l’horizon. Puis ce fut la brume et nous ne pouvions voir la côte, sauf au radar. Et c’est ainsi que l’on s’est dirigé vers l’embouchure de la rivière Dart et qu’on s’y est introduit sans rien voir, ni ciel, ni terre, ni mer.
C’est là que j’ai compris les noms des villes se terminant par « mouth » comme Dartmouth, Plymouth, Weymouth, etc. Le mot « mouth » signifie la bouche de la rivière, c’est-à-dire l’embouchure. Ces villes sont toutes construites à l’embouchure d’une rivière.
Dartmouth et Torquay sont des villes où l’action de plusieurs romans d’Agatha Christie se situe.
C’est aussi un vieux train à vapeur qui nous a mené à Greenway dans le Devon. Là, en pleine campagne anglaise, où Agatha Christie avait sa maison de campagne.
C’est un très beau domaine et la maison, jumelle de la Maison Cataraqui à Sillery-Québec, est déposée sur un promontoire entouré de son jardin botanique et surplombant la rivière Dart.
En train vers Bath
Quelques jours plus tard, j’ai pris un train de Torquay pour Bath dans le but d’y passer une semaine.
L’architecture des ensembles d’habitations en demi-cercle « The Royal Crescent » à gauche sur la photo et en cercle « The Circus » est très impressionnante.
Quelle ne fut pas ma surprise de trouver dans cette ville un pont habité comme le « Ponte Vecchio » à Florence, le « Pulteney Bridge » au-dessus de la rivière Avon.
Bath, cette ville romaine, puis anglaise a d’abord été reconnue pour ses eaux thermales. Une écrivaine y a passé une période de sa vie, Jane Austen. Elle a utilisé cette ville comme fond de scène pour certains de ses romans comme Northanger Abbey, roman que j’ai lu sur place. Si dans un roman on me parle de la porte Saint-Louis ou Saint-Jean à Québec, ça me paraîtra normale et non excitant, je demeure à 100 mètres de cette dernière. Mais si à Bath en Angleterre une romancière parle de la « Pump room » où la bourgeoisie prenait le thé, je me précipite dans la rue pour trouver cette « Pump room » et imaginer son roman.
Ce fut cet été là un voyage en voilier à la rencontre de pays d’écrivains : Victor Hugo à Guernesey, Jane Austen à Bath, Agatha Christie à Greenway et sans oublier Chateaubriand à Saint-Malo.
La côte bretonne
Saint-Malo : Comme à la maison
Un autre été, nous avons longé les côtes de Bretagne à partir de Saint-Malo. Saint-Quay-Portrieux, Île de Bréhat, Tréguier, Roscoff, Camaret, Brest, ……………….. Alouette !
Il ne faut pas croire que Saint-Malo n’est qu’une île, une ville emmurée, c’est aussi une belle ville de vacances avec une très belle région et une superbe plage. En 1972, j’avais croisé un groupe de vieux cap-horniens qui s’étaient donnés rendez-vous à Saint-Malo et se contaient leurs histoires, leurs aventures. Et en 2012, j’allais tous les soirs vers 22 :00 heure regarder le coucher de soleil sur la mer.
Comme je suis allé à plusieurs reprises à Saint-Malo, je la connais aussi bien que ma propre ville, le Vieux-Québec à l’intérieur des murs.
En juillet 2012, j’ai assisté au départ de la course Québec – Saint-Malo et 9 jours plus tard, j’étais à Saint-Malo pour voir arriver les voiliers de la course. C’était très agréable de voir des bateaux de Québécois arriver là-bas.
Belle rencontre de Québécois à Camaret
Nous avons quelques jours plus tard été dépassé en mer par un autre voilier québécois le « Persévérance », et nous les avons revus à Camaret après une grosse journée de voile. Ce voilier, classe 40 de compétition, est celui de Robert Patenaude et il était très heureux d’avoir fait cette course de l’Atlantique. Nous avons même passé quelques heures à parler avec lui et Manon qui avait fait la Transat Québec – Saint-Malo sur le voilier de Georges Leblanc (grand navigateur canadien).
Le fait de faire un voyage en voilier nous permet de rencontrer des gens avec qui nous socialisons parce que nous vivons les mêmes climats. C’est comme si deux automobiles se croisaient au centre du désert du Sahara, ils seraient heureux de se parler et d’échanger.
Mais avant Camaret et Brest, nous nous étions ancrés à l’île de Bréhat, une petit oasis de beauté en Atlantique Nord.
Un voyage en voilier : Petits défis et grands bonheurs
La navigation à la voile n’est pas toujours facile car on peut avancer de jour comme de nuit, il fait parfois froid la nuit et la bouffe est toujours à la hauteur du chef du moment. On oublie les petits moments plus difficiles pour ne se rappeler que la beauté de la voile et des endroits où le bateau nous amène.
Le CS 33 de Romain est un voilier de fabrication canadienne et c’est un bateau qui tient bien la mer. Le seul problème survient quand se produit un bris du gréement. Il faut alors soit faire venir la pièce du Canada ou en faire fabriquer une sur place. Cela s’est produit en Irlande après plusieurs jours de grosse mer. La pièce en fonte d’aluminium qui relie la bôme au mât a éclaté. Et, c’est un homme de la place qui en a usiné une semblable. Il a bien réussi puisque cela fait quatre ans et ce joint résiste toujours.
Un voyage en voilier a de très beaux avantages parce que cela nous permet de se déplacer par l’effet du vent et en silence, c’est merveilleux. Ça nous permet aussi d’accéder à des endroits qui sont difficilement accessibles aux voyageurs terrestres.
Voilà, j’ai essayé par ces quelques lignes et photos de vous montrer où la voile m’a amené et je vous en souhaite autant.
Bientôt, je vous parlerai dans « Le vent dans tous ses temps 2 », mon voyage en voilier en Méditerranée, d’un autre été sur les Côtes de Provence.
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